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Sous les pavés, l'amer
19 septembre 2012

Peut-on encore rire de dieu en France ?

 

charlie

Alors que se multiplient ça et là les "manifestations" de barbus, les médias tremblent de trouille et presque tout le monde lâche Charlie, certains laissant planer la menace des représailles sur l'air de "on vous avait bien dit de ne pas jouer avec le feu". Après les locaux de la rue de Turbigo, ça serait au tour de ceux de la rue Serpollet de partir en fumée. Et la liberté d'expression avec. A propos de Charlie Hebdo de demain, Ayrault désapprouve "tout excès". Si ces paroles avaient eu une suite une suite, les adjectifs "rassembleur" et surtout le "responsable", asséné jusqu'à la nausée, n'auraient pas manqué d'y figurer. Ce que dit Ayrault est à la fois très creux (qui pourrait approuver l'excès ?) mais aussi très lourd de sens, puisqu'il relègue la critique d'une religion au rang des excès, c'est à dire dans le même sac que les fanatiques qui crament une ambassade dès qu'on ose parodier leur super héros. Quant à Fabius, il se dit "contre toute provocation". On croirait du Chirac dans le texte, lorsque ce dernier condamnait les "provocations inutiles" de Charlie en 2006,à l'occasion de la publication des caricatures. On a voté à gauche et au premier coup de semonce des barbus, on a l'impression de revivre les grandes heures du Chiraquisme ! Mais voilà, maintenant la gauche est au pouvoir, fini de rigoler. Cette fois, il ne faudra pas compter sur Hollande pour envoyer un message de soutien à Charlie comme pendant le procès des caricatures, à l'époque où la gauche était encore embourbée dans l'opposition.

La trouille et la dictature du consensus viennent remettre en cause le droit à la caricature, tout comme la communication politique eclipse les convitions de ceux qui accèdent au pouvoir. On pense aujourd'hui faire diversion en lâchant un peu de lest aux intégristes mais ils reviendront demain à la charge encore plus violemment, cautionnés par la désapprobation du pouvoir à l'égard des blasphémateurs.


En attendant, la peur continue son travail de sape : il n'y avait qu'à entendre certains journalistes dans leurs petits souliers au lendemain de l'attentat de Benghazi, lorsqu'ils évoquaient le film "anti musulmans" qui avait "mis le feu aux poudres" : "un film insignifiant", "une caricature grossière", "une provocation", "une incitation à la haine et à l'islamophobie"...  En somme, un nanard digne de Max Pécas mais avec le contenu idéologique des Dieux du stade. D'entrée, donc, la nullité et les grosses ficelles islamophobes sont mises en avant par les médias (à juste titre, certes), mais curieusement, comme pour montrer, s'il était besoin, qu'ils ne cautionnent pas ce genre de film. Imaginons que le film ait été une pure parodie, sans intention autre que de se foutre de la gueule du prophète et de la religion en général. Comment auraient alors réagi nos braves journalistes ? Il y a fort à parier qu'ils n'auraient pu s'empêcher de jouer les vierges effarouchées : "c'est dans la culture de ces gens-là", "c'est comme ça, ils ne sont pas assez évolués pour goûter ce genre de plaisanterie", "gardons-nous de mettre de l'huile sur le feu". Heureusement pour certains journalistes que ce film est un navet xénophobe à gros sabots. Ca les dispense d'aborder le fond du sujet. Malheureusement, cela ne nous épargne pas leurs sermons dégoulinants de condescendance...


Charlie est un journal d'équilibristes : il a toujours su rester intransigeant en matière d'antiracisme et de lutte contre la religion, sans jamais céder au relativisme culturel ou aux sirènes de la laïcité made in FN. Un exemple : quels journaux, à part Charlie, osent aborder le problème du halal, sans arrière pensée xhénophobe ni condescendance, ni peur de passer pour islamophobe, mais seulement par souci des animaux et par attachement à la laïcité ? A mon avis, il n'y en a pas des masses.
A chaque fois qu'il y a du curé à bouffer, de l'immam à dégommer ou du rabin a taquiner, c'est Charlie qui s'y colle. Quand la laïcité est attaquée, c'est une mission pour lui. Notre gouvernement, au lieu de tancer les blasphémateurs serait bien inspiré de les soutenir avant que le front de la lutte contre l'intégrisme devienne un no man's land.

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